La petite insolente devenue grande….insolente!
Petite j’étais considérée comme insolente. J’ai pris bien des claques pour cela. J’ai aussi pris des gifles, des coups de pieds et j’ai connu le châtiment suprême de la mule maternelle. A chaque fois, on me reprochait mon insolence!
Était considérée comme insolence mon penchant naturel pour le questionnement. Je remettais tout en cause y compris la parole de ceux qui étaient censés être plus grands que moi. Je remettais en question l’ordre établit et je me révoltais contre toute sorte d’injustice.
Ainsi je n’hésitais pas à contredire mon grand frère, qui se prenait à l’époque pour le patriarche de la maison -C’était sans doute une question d’époque!-
Je n’hésitais pas à lui rendre la pareille, à lui répondre voire même à la provoquer! Ça m’a valu là encore quelques calques. En pleur, révoltée. Mais je ne me résignais jamais. Il suffisait qu’une occasion se représente à nouveau pour que je m’exprime écrasant ma peur et oubliant mon châtiment.
Je remettais en cause la suprématie masculine dans la maison et tout autour de moi. A cinq ans, je proclamais ouvertement qu’aucun garçon ne me dominerait. Au même âge, je tenais tête à toutes les femmes de mon village. Je les défiais ouvertement sur les inégalités qu’elles perpétuaient entre les garçons et les filles. Ceci m’a valu encore des coups, toujours des coups!
A dix ans, j’ai proclamé mon droit de m’habiller comme je voulais et ma grande sœur m’a cousu une mini jupe. Un détail me diriez-vous. Une petite fille en jupe, rien de plus banal, rien de plus ordinaire. Non, ça ne l’était pas. Mes frères ont prononcé la sentence de m’interdire de mettre la jupe en question.
Apeurée, révoltée, les injustices m’étaient insupportables. Et ceci m’a valu le surnom d’insolente!
« Oh cette fille a un caractère de feu, tu devrais la punir davantage! » ce sont les conseils que recevaient ma mère régulièrement. Ma mère répondant toujours et ouvertement qu’elle ne connaît personne qui soit insolent et qui n’ait pas réussit sa vie!
Je disais toujours la phrase qu’il ne fallait pas dire. Je mettais toujours le doigt sur ce qu’il fallait cacher. Le feu de la connaissance brûlait en permanence en moi. Ils m’ont fait taire quelques fois. Mais je l’ai à chaque fois ouverte à nouveau.
Aujourd’hui, je suis un peu plus grande. Et je suis immensément reconnaissante à cet esprit d’insolence qui ne m’a jamais quitté.
A l’université, j’ai ouvertement questionner l’existence de Dieu devant toute une assemblée. J’ai aussi remis en cause toutes les valeurs que l’on m’a imposé! Toute absolument toutes! Je n’ai pas finit de démêler le fil de l’injustice. Tant il est bien ancré en moi, en vous, en nous toutes et tous. Mais je garde la ferme volonté de continuer à le faire.
Questionner la vie c’est la découvrir. Je suis toujours la petite insolente que j’étais!
Mouna Tahanout.